Filière Pharmacien-Ingénieur : découvrez deux nouveaux portraits d’anciens étudiants issus de cette double formation unique en France

Portrait de Benjamine Lapras

Benjamine Lapras a obtenu son diplôme Pharmacien-Ingénieur de l’ISPB - Faculté de Pharmacie de Lyon en 2022, à l’issue de sa double formation à l’UCBL et à l’école Polytechnique Montréal (Québec, Canada). (© Eric Le Roux / Direction de la communication UCBL)

Pour quelle raison aviez-vous choisi cette double formation ?

J’ai tout d’abord choisi ce double cursus par pur attrait intellectuel, étant à la fois intéressée par les sciences de la vie, en particulier les sciences pharmaceutiques, ainsi que par la physique, la thermodynamique et la mécanique des fluides que j’avais découvertes en PACES (l’ancien parcours pour accéder aux études de santé). Le potentiel de cette filière s’est ensuite révélé : elle forme des professionnels polyvalents en leur fournissant une boîte à outils diversifiée leur donnant la capacité de comprendre tout un panel de métiers impliqués dans la production et la commercialisation de médicaments et de produits de santé. Personnellement, j’ai choisi d’aller à Polytechnique Montréal car c’est une école qui permet de se spécialiser dans les biothérapies, un domaine en plein essor et passionnant. C’est une école professionnalisante avec de nombreux travaux de groupe et des projets en lien avec des industriels. La vie étudiante y est également très active, avec notamment de nombreuses associations étudiantes variées. C’est aussi l’occasion de passer deux ans à l’étranger et de découvrir une autre forme d’enseignement, une autre façon de travailler.

Quel a été votre parcours professionnel depuis la diplomation ?

J’ai commencé par un poste de dix mois en tant que responsable assurance qualité junior au sein de deux unités (essais-cliniques et production et contrôles des médicaments) de la pharmacie à usage intérieur de l’Hôpital Edouard Herriot (HEH), structure dans laquelle j’avais fait mon stage de fin d’études et ma thèse d’exercice. J’ai ensuite enchaîné sur mon sujet de thèse de doctorat au sein du Laboratoire de Biologie Tissulaire et d’Ingénierie Thérapeutique (LBTI) et de la plateforme Fabrication, Recherche et Innovation PHARMaceutique (FRIPHARM) à HEH. Comme quoi, c’est une formation polyvalente !

Aujourd’hui, où en est votre carrière professionnelle ?

Aujourd’hui je suis en troisième année de thèse de science. Je fais de la recherche sur la purification et la formulation de bactériophages, des virus qui s’attaquent aux bactéries, afin d’en faire un médicament injectable à usage humain pour lutter contre les infections bactériennes multirésistantes. 

Qu’apporte, selon vous, votre double parcours ISPB-Ingénieur pour l’exercice de vos fonctions actuelles ? Quelles compétences spécifiques vous a-t-il permis d’acquérir ?

Actuellement ma spécialisation en génie des bioprocédés m’est utile dans mon expérience professionnelle autant que mes connaissances pharmaceutiques. Ce double cursus me permet d’appréhender les problématiques sous plusieurs angles, d’avoir une compréhension plus globale des phénomènes en jeu, qu’ils soient physico-chimiques, ou thermodynamiques, ou encore les exigences et spécifications des médicaments injectables, qu’elles soient réglementaires, en lien avec la composition ou encore les problématiques liées à la gestion des médicaments (température de conservation, durée de stabilité, préservation de cette stabilité lors du transport).

Pensez-vous que votre double diplôme a facilité votre insertion professionnelle ?

Oui, à Polytechnique Montréal j’ai eu l’occasion d’être initiée à la recherche au cours d’un projet individuel, ce qui m’a donné non seulement le goût de continuer, mais aussi une première expérience valorisable. Mon parcours en génie des bioprocédés, mon expertise pharmaceutique et mes expériences en recherche et dans la formulation d’antibiothérapie (acquise au cours de ma thèse d’exercice) ont fait que mon profil était en adéquation avec le poste.

Pour quelles raisons recommanderiez-vous à de nouveaux étudiants d’intégrer la filière Pharmacien-Ingénieur ?

Pour toutes les raisons que j’ai évoquées ci-dessus. Cette filière offre une formation complète et variée, qui correspond parfaitement à des étudiants curieux. Les écoles d’ingénieur sont professionnalisantes et ouvrent de nouveaux horizons en parallèle de ceux de la pharmacie. Elle donne aussi un gros plus à votre profil de pharmacien et ce parcours intégré se fait en six ans, comme le cursus normal.

Quel(s) conseils donneriez-vous à la nouvelle promotion ?

Pour celles et ceux qui commencent leurs études de pharmacie, qui aiment les maths et la physique, qui sont curieux, n’hésitez pas à vous lancer ! C’est certes une filière exigeante mais le jeu en vaut la chandelle. Tout ce que vous verrez sera valorisable et vous deviendrez particulièrement polyvalents. Pour ceux qui sont en école, intéressez-vous aux sujets de recherche de vos professeurs, participez activement aux évènements « carrières », restez à l’écoute et entretenez votre réseau : c’est pour moi le meilleur moyen de créer des opportunités ou de saisir celles qui s’offrent à vous.

Avez-vous gardé des liens avec vos anciens camarades de promotion ?

Oui, avec certains, bien que partir à l’étranger et les années COVID aient fait que nous nous soyons un peu perdus de vue. Heureusement, l’association des étudiants lyonnais pharmaciens ingénieurs organise des évènements régulièrement qui permettent de garder le contact.

 

Portrait de Mehdi Khelifi

Mehdi Khelifi a obtenu un doctorat en Pharmacie et un diplôme d’Ingénieur Civil des Mines en 2021 après 4 ans passés à la Faculté de Pharmacie de Lyon et 2 ans à l’École des Mines de Saint-Étienne. Il a décidé d’ajouter une année d’études supplémentaire à l’ESCP Business School dans le Master in Finance, terminé en 2022. (© Mehdi Khelifi)

 

Pour quelle raison aviez-vous choisi la filière Pharmacien-Ingénieur de l'Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologique (ISPB) - Faculté de Pharmacie de Lyon de l’UCBL ?

J’ai suivi une formation scientifique (Baccalauréat Scientifique). Lors de mes choix en terminale, j’ai hésité entre deux formations : d’une part la classe préparatoire BSPCT pour devenir ingénieur en biologie et d’autre part la faculté de pharmacie de Lyon avec son unique parcours pharmacien-ingénieur.

En me renseignant, j'ai réalisé que le diplôme de pharmacien n'ouvrait pas seulement la voie à des carrières en pharmacie d'officine ou à l'hôpital, mais aussi à des postes de haut niveau dans l'industrie pharmaceutique. Le double-diplôme avec les Grandes Écoles m'a convaincu que la filière pharmacien-ingénieur était la meilleure option pour maintenir un large éventail d'opportunités dans le domaine de la santé.

Après une année de PACES (Première Année Commune aux Études de Santé), j’ai choisi la filière pharmacien puis candidaté pour la filière pharmacien-ingénieur. Pendant 3 ans, en parallèle des cours de pharmacie, nous avions des cours de remise à niveau pour les écoles d’ingénieurs. Durant la quatrième année de pharmacie, je souhaitais une école d’ingénieur généraliste. De ce fait, mon choix s’est tourné vers l’École des Mines de Saint-Étienne.

Durant mon cursus en école d’ingénieur, j’ai choisi les majeures Gestion de production et logistique et Gestion et finance d’entreprise. J’ai complété mon parcours par un master à l’IAE de Saint-Étienne en Banque et Finance.

Réalisant mon intérêt grandissant pour la finance, j’ai alors décidé de regarder les métiers accessibles en finance pour un pharmacien/ingénieur. J’ai alors réalisé que le double-diplôme était très valorisé et m’ouvrait de nombreuses voies. Souhaitant développer une réelle expertise en finance, j’ai alors ajouté une année professionnalisante entre Paris et Londres dans le Master in Finance de l’ESCP Business School.

Aujourd’hui, où en est votre carrière professionnelle ? Quel poste occupez-vous ? Dans quel secteur ?

Après cette année à l’ESCP Business School, je souhaitais absolument mêler l’ensemble des compétences que j’ai pu développer au cours de ces 7 années d’études. J’ai alors décidé de rejoindre la banque d’affaires Barclays dans l’équipe Healthcare en tant qu’analyste à Londres. Mon travail consiste à conseiller les entreprises du secteur de la santé (pharmaceutique, biotechnologique, hôpitaux, cliniques, maisons de retraite, CDMO/CRO…) dans leurs opérations de fusions, acquisitions et de capital (levée de dette, cotation boursière…). Après un an et demi chez Barclays, j’ai décidé de rejoindre Goldman Sachs dans une équipe concurrente à un poste similaire.

Qu’apporte, selon vous, votre double parcours ISPB-Ingénieur pour l’exercice de vos fonctions actuelles ? Quelles compétences spécifiques vous a-t-il permis d’acquérir ?

Le diplôme de pharmacien-ingénieur de la faculté de pharmacie de Lyon est un diplôme extrêmement polyvalent au sein du secteur de la santé.

Mes années à la faculté de pharmacie me servent aujourd’hui à aborder des sujets techniques en biologie, essais cliniques et réglementaires que mes collègues peuvent avoir du mal à entièrement appréhender et à les remettre dans un contexte financier (projections des revenus, compétitions, fin d’exclusivité…).

Le diplôme d’ingénieur me donne plus de polyvalence avec une aisance sur certains programmes informatiques, compétence en calcul et une connaissance plus approfondie des problématiques techniques des entreprises (production, supply-chain, IT…).

Le double-diplôme pharmacien-ingénieur donne des bases académiques extrêmement importantes et une ouverture d’esprit unique que je n’aurais pu acquérir dans d’autres cursus.

Pensez-vous que votre double diplôme a facilité votre insertion professionnelle ?

L’insertion professionnelle offerte par le double-diplôme est excellente, avec des possibilités quasi illimitées de façonner son parcours pour obtenir la carrière désirée en lien avec la santé. Les personnes que j’ai rencontrées m’ont toujours offert l’opportunité d’avoir des entretiens dans leurs entreprises, même lorsque la fonction était relativement éloignée de mon cursus initial.

Pour quelles raisons recommanderiez-vous à de nouveaux étudiants d’intégrer la filière Pharmacien-Ingénieur ?

Si vous avez des hésitations à rejoindre cette filière, c'est probablement le signe que vous devriez l'intégrer. Chacun des camarades qui m’a accompagné durant ma scolarité fait un métier complètement différent en lien avec la santé et leurs intérêts.

Vous aurez le choix d’intégrer des écoles d’ingénieurs prestigieuses dans différents domaines (et potentiellement différents continents).

Attention, le parcours est très scientifique et reste pour les personnes souhaitant approfondir leurs compétences en santé et ingénierie (même si aujourd’hui le terme ingénieur est très généraliste).

Quel(s) conseils donneriez-vous à la nouvelle promotion ?

Le conseil le plus important que je puisse donner est de persévérer. Vous rencontrerez des sujets difficiles, des défis pour trouver le stage idéal, et peut-être vous demanderez-vous pourquoi il est nécessaire d'étudier la mécanique des fluides si vous souhaitez devenir ingénieur en contrôle qualité. Cependant, c'est l'ensemble de ce bagage technique qui fera de vous une personne extrêmement polyvalente.

De plus, je vous encourage vivement à solliciter le réseau. En raison de la taille modeste de nos promotions, les personnes sont souvent disposées à vous répondre et à vous apporter leur aide.

Avez-vous gardé des liens avec vos anciens camarades de promotion ?

J’ai noué des liens extrêmement forts avec mes camarades. Malgré le fait que nous sommes aujourd’hui à divers endroits géographiques, nous continuons à nous voir et à partager ensemble les moments importants de nos vies.

Propos recueillis par Anna Thibeau